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La complainte des éleveurs tibétains.

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Bonjour,

Une femme nomade regrette ses paysages et ses troupeaux, une complainte qui dénonce le début de la fin d’un millénaire de transhumance sur les plateaux du Tibet. « Archi drokmo », une vidéo diffusée par une association de femmes tibétaines (TWA), accessible en fin de blog.  En 2009, environ 50.000 nomades sont sédentarisés par les Autorités chinoises.(1) Sous prétexte de protéger un espace pastoral fragilisé par le pâturage des troupeaux de yaks, de moutons, de chèvres, et de chevaux, la Chine orchestre une politique environnementale qui cloisonne et interdit le parcours traditionnel des  éleveurs nomades. Et oblige ces populations itinérantes à changer de mode de vie. Lancée à la fin des années 90, cette campagne, inscrite dans le développement des terres occidentales de la Chine, déplace les nomades et les installe dans des habitats pour lesquels ils ne sont pas faits. Sous prétexte de poursuivre l’émergence du Tibet, tout en fabriquant une population locale « plus présentable », selon certains critères du développement, la Chine nie une culture tibétaine, intimement liée au nomadisme. Les éleveurs, nés pour se déplacer dans ces paysages de plateaux, sont invités à préserver une zone écologique sensible, déjà malmenée par les premiers signes du réchauffement climatique. Selon une source citée par Wikipedia, le nombre de yaks et de moutons aurait triplé au cours des cinquante dernières années, quand les pâturages diminuaient, conséquence de l’assèchement des hauts plateaux. (2) (3)

« le Troisième Pôle.»

Le Tibet, plateau de plus d’un million de km² aux trois quarts perché à plus de 3500 mètres d’altitude, est une zone écologique majeure, inscrite dans une géographie de l’eau stratégique . Surnommé le « Troisième pôle », le Tibet est la troisième réserve de glace de la planète, après l’Arctique et l’Antarctique. Depuis une trentaine d’année, la surface moyenne des glaciers aurait décliné de 17%. Quand certains auraient carrément disparu. (3) La fonte des glaces aurait de lourdes conséquences pour le Tibet, son voisinage asiatique, et pour quelques  millions de personnes, situés en aval. Les fleuves majeurs du continent asiatique y prennent leur source. Le Fleuve Jaune, le Yangtsé, et le Mékong, géants du système hydrographique chinois, s’écoulent depuis le Sanjiangyuan. Cette région, le « château d’eau de la Chine », classée réserve naturelle nationale, est d’ailleurs placée sous haute surveillance écologique depuis les années 2000. L’extraction minière, l’exploitation forestière, la chasse, et la pratique des pâturages, y sont extrêmement encadrées. Les marais et les cours d’eau montrent déjà quelques signes de sécheresse. Quelques milliers d’éleveurs sont incités à émigrer vers d’autres zones du Sanjiangyuan, de moindre importance écologique. Au Tibet, le changement climatique est un sujet sensible. Le Dalaï Lama, porte-parole en exil des Tibétains, n’hésite pas à tirer parti de la crise climatique pour sensibiliser la communauté internationale à la situation du territoire. Et au sort réservé aux nomades. (4)

Changement d’adresse.

Forcés de vendre ou de débarrasser de leurs yaks, les nomades se sédentarisent dans des lotissements, et s’urbanisent en marge. Beaucoup sont déplacés au Qinghai, dans la province de Gansu, au Sichuan, dans la région autonome du Tibet, souvent sans indemnisation. Dans Wikipedia, une source contradictoire évoque des dédommagements, et une maison. (2) Le gouvernement chinois prétend leur apporter l’éducation et la santé, « privilèges » réservés aux sédentaires. « Tibet 3rd pôle «  , une association qui défend l’exploitation des ressources naturelles du Tibet par les Tibétains, y voit le contrôle de populations qui disposent désormais d’une adresse. Ce développement économique et humain forcé devrait permettre de corriger les statistiques de pauvreté, et faire taire les critiques. « Free Tibet », une autre association engagée aux côté des Tibétains, remarque que cette conversion entre nomadisme et agriculture sédentaire annonce aussi une conversion entre autosuffisance et comportement consumériste. « Free Tibet » rapporte une paupérisation des nomades qui doivent désormais partager les terres en famille, et attendre le décès des parents pour en vivre mieux. Un système de division des terres qui se complique encore dans une famille nombreuse. Toujours sur le site de « Free Tibet », Camille Richard, spécialiste de pâturages pour le Centre International Développement de Montagne Intégré (ICIMOD), commente cette mutation: « Le comportement et le raisonnement des éleveurs nomades sont dictés par la conscience du paysage marginal dans lequel ils vivent, paysage qui a supporté leur mode de vie pendant des siècles. Une conversion rapide à un nouveau mode de pensée et de vie ne peut pas avoir lieu sans de graves conséquences socio-économiques et écologiques. » (5)

Pâturages et extraction minière.

Les spécialistes du pâturage formulent plus clairement les conséquences environnementales de la sédentarisation. La mobilité des troupeaux empêche la dégradation des systèmes, et contribue à l’équilibre des paysages. Cloisonner l’espace, et sédentariser les troupeaux, revient à favoriser le surpâturage. Mais que sont quelques excès de pâturages dans l’immensité du territoire tibétain ? « Les amis du Tibet », autre organisation pro- tibétaine, détaillent dans un article assez ancien les conséquences environnementales de la colonisation chinoise. Extraits. La Chine aurait orchestré un déboisement industriel à l’Est du territoire, provoquant érosion des sols, ravinement, envasement, et inondations. Dans certaines régions, 80% des forêts auraient été détruites. Une centrale hydro-électrique sur le LacYamdrok Tso, la plus importante du Tibet, mise en route à la fin des années 90 pour alimenter l’industrie chinoise en électricité, a modifié l’équilibre d’un site sacré pour les Tibétains. La Chine décline encore l’exploitation minière, uranium, charbon, fer, cuivre, plomb. Elle s’intéresse aux réserves de pétrole et de gaz naturel. (6) Résultat sur le site de « Circle of Blue», une agence qui enquête sur les crises de l’eau, l’industrie et l’extraction minière, et leurs lots de rejets polluants, aurait modifié la qualité de l’air et de l’eau. Jusqu’à compromettre les réserves d’eau douce du Tibet, pourtant « château d’eau de la Chine ».

M.J

Cliquer ici pour voir la vidéo.

(1) « 50.000 nomades tibétains sédentarisés », AFP , 24/08/2009- Site du Figaro http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/08/24/01011-20090824FILWWW00503-50000-nomades-tibetains-sedentarises.php

(2) L’élevage au Tibet, Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture,_%C3%A9levage_et_sylviculture_au_Tibet#.C3.89levage

(3) Yeshe Choesang, World News,01-06-2011. http://article.wn.com/view/2011/01/06/Climate_Change_on_the_Tibet_Plateau_Detrimental_for_Asias_Fu/

Tibet 3d Pole http://www.tibet3rdpole.org/

(4) “Dalai Lama wants to go green”, Saransh Sehgal http://tibet.org/tibet3rdpole.org/?p=239

(5) “The impact of nomad settlement policies in Tibet”, Kate Saunders (for Free Tibet Campaign), Free Tibet, April 2003, http://www.freetibet.org/about/rural-society

(6) « L’environnement au Tibet : un désastre dû à l’occupation chinoise ! », Raymond MEYERS (D’après le Rapport « Tibet 2000: Environment and Development Issues » du gouvernement tibétain en exil. Et ECO-Tibet France, juin 1999.) http://www.amis-tibet.lu/dossiers/environnement-2.html

(7) « China, Tibet, and the Strategic Power of Water”, Keith Schneider and C. T. Pope, Blue Circle, 08-05-2008. http://www.circleofblue.org/waternews/2008/world/china-tibet-and-the-strategic-power-of-water/

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